Eric Roussel a attendu, d’avoir du temps et l’espace d’un atelier, pour devenir l’artiste-peintre qu’il a toujours été. Depuis quelques années, installé près d’Annecy, au bout du lac, dans un paysage de carte postale, il joue enfin des couleurs et de la lumière avec bonheur. Un peu comme si l’air qu’il respirait vibrait de tous les éclats de lumière colorée que son grand-père et son arrière-grand-père, avant lui, ont assemblé en de somptueuses mosaïques sur les murs des églises, des châteaux et des maisons bourgeoises de Nancy.
Enfant, dans le fond de leur atelier, quand d’autres empilaient des briquettes en plastique, lui jouait avec de petits pavés de verre dorés à l’or fin et de perles de Murano, mémoire colorée et sublime de l’histoire vénitienne de la famille. Une histoire artistique, élégante, raffinée, teintée d’infinies nuances et de vibrations. Et l’âge aidant, l’enfant devenu grand a enfoui ce plaisir minuscule de créateur d’émotion… Pour mieux y revenir.
Si Eric Roussel était une couleur ce serait le bleu cyan. Puissant, profond, comme son regard. Son rouge ne serait ni carmin ni vermillon, mais une palette de 40 nuances comme la lumière changeante quand le soleil couchant embrase l’horizon. Son blanc, pur, intense, lumineux serait fulgurant, sans concession.
Figuratives ou abstraites, point d’économie dans ses oeuvres. Eric Roussel explose d’énergie. S’il avait été piqué de randonnée, il aurait gravi l’Everest. Depuis qu’il a renoué avec la matière, la lumière et ses toiles, pas une journée ne peut se passer sans qu’il peigne, dehors face à la montagne. Plus qu’un loisir, la peinture est son oxygène.
Anne BLANCHARD-LAIZÉ, reporter Ouest-France